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          Régénération des fronts d'eau

Selon Pékin (2008), l’eau a joué un rôle dans les premiers établissements et l’identité des populations à travers le temps. Vivre près de l’eau était idéal pour se nourrir, se défendre et s’implanter selon Hamamcioglu (2007). Cependant, la période industrielle a causé une rupture dans cette relation, car l’implantation de ports, d’usines et d’entrepôts au bord de l’eau a divisé le territoire et séparé physiquement les populations de l’étendue d’eau. Pourtant, la définition de Moretti (2008) implique que le territoire urbain doit être en contact direct avec l’eau. Ainsi, une barrière urbaine pourrait être un obstacle suffisant pour ne plus considérer un territoire comme un front d’eau, puisque la ville pourrait ne plus être en relation directe avec l’eau. La régénération des fronts urbains consiste donc à retisser ce lien entre la ville et l’étendue d’eau pour qu’elle puisse en retirer tous les bénéfices de cette proximité.

 

Justement ces bénéfices sont nombreux et toujours recherchés de nos jours, puisqu’une personne sur 5 aujourd’hui choisi de vivre dans une ville à proximité de l’eau pour ses avantages. (Lazo, 2021) La présence d’eau est d’ailleurs bénéfique pour rafraîchir l’air et contrôler l’humidité dans l’environnement, en plus de constituer une barrière sonore. (Gençturk, 2006)

 

Önen (2007), mentionne que l’eau représente une clé dans la planification urbaine pour ses effets positifs psychologiques et physiques sur l’humain.

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    ^ Effets positifs de l'eau (2021). © Équipe 3

Les phases vers la régénération

Pour mieux comprendre la régénération des fronts d’eau, il faut se pencher sur l’établissement de ceux-ci, et, bien qu’il soit impossible d’en généraliser l’histoire, il est possible de dégager 4 périodes qui correspondent à des changements majeurs et leurs répercussions sur le territoire et l’implantation. (Akköse, 2007; Zhang, 2002)

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Cette période correspond au début de la colonisation de territoires par les européens. Ils s’installent en bordure de plan d’eau et développent des postes pour le commerce puisqu’ils utilisent notamment l’eau pour le transport de marchandises. C’est aussi l’apparition de quelques chemins qui mènent des habitations au port.

C’est lors de cette phase que la croissance des activités économiques est fulgurante. L’établissement s’apparente maintenant davantage à une ville, car on y retrouve des entrepôts, un port modernisé et des services. C’est aussi à cette époque qu’est introduit le chemin de fer, barrière urbaine importante qui marque le paysage pour plusieurs villes encore aujourd’hui, mais qui, à l’époque, représentait un nouveau mode de commercer révolutionnaire.

Suite à la Deuxième Guerre Mondiale et aux développement rapide des technologies, les ports ne répondent plus aux nouveaux besoins et aux nouvelles demandes. De nouvelles installations sont alors construites à l’extérieur des villes, laissant les anciennes infrastructures abandonnées. Les chemins de fer en bordure des ports perdent aussi de leur importance, car l’arrivée de l’autoroute et du transport autoroutier bouleverse une fois de plus la manière de commercer.

Cette dernière période marque un intérêt renouvelé pour les fronts d’eau, plutôt délaissés à la phase précédente. La rupture entre la ville et l’eau, causée par les autoroutes et les chemins de fer est vu comme un obstacle qui doit être résolu. La désuétude des infrastructures est aussi une problématique. Il y a une volonté de se rapprocher physiquement de l’eau, mais aussi visuellement pour bénéficier de ses qualités esthétiques. Souvent des développeurs privés entreprennent divers projets, mais cela a pour résultat de privatiser le front d’eau. Heureusement, des initiatives mixtes viennent revitaliser et contrebalancer ces développements privés. Il s’agit de bâtiments aux usages variés tel que commercial, résidentiel ou récréatif.

Selon Turnbrige (1988), la revitalisation est bénéfique, car les gens souhaitent revenir habiter près des services et de leur emploi en ville, mais ils ne veulent pas compromettre leur qualité de vie. Comme ils ont plus de temps libre, ils souhaitent être près d’espaces récréatifs agréables.

 

Nombreux auteurs se sont penchés sur les clés pour réussir la régénération des fronts urbains.

Le premier schéma a été pensé par Torre en 1989 et redessiné par notre équipe. Il résume 10 éléments permettant de redévelopper un front d’eau avec succès.

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    ^ Éléments pour un développement réussi des fronts d'eau (2021). © Équipe 3, d'après Torre

Les dix principes suivants sont issus de la Global Conference on the Urban Future (2000). Ils sont des clés pour garantir un redéveloppement des fronts d’eau durable. Il est intéressant de constater qu’ils sont dans la même ligne de pensée que ceux développés 20 ans plus tôt par Torre.

 

Pour ce qui est du Waterfront, il est difficile de valider tous ces points, car certaines informations ne sont pas disponibles puisque le projet n'est qu'à l'étape de la proposition. Cependant, il est toutefois possible d'affirmer que le projet respecte les points 2, 4, 5, 6, 8, 10. En effet, le projet souhaite s'intégrer au tissu du centre-ville et se raccorder. Il y a aussi une volonté de maximiser les types d'usages dans le développement immobilier avec du récréatif, des bureaux, du commercial et du résidentiel abordable et plus luxueux. Les investisseurs veulent aussi redonner le front d'eau au public avec des espaces verts et des aménagements publics. Comme ces investisseurs sont privés, ils souhaitent faire avancer le projet rapidement en mobilisant une équipe d'experts de partout dans le monde. Ils sont conscients que le projet est d'une grande ampleur, donc ils prennent le temps d'évaluer la faisabilité et vont le développer en plusieurs phases sur plusieurs années.

 

1-Garantir la qualité de l’eau et de l’environnement

2-Intégrer les fronts d’eau au tissu urbain existant

3-Conserver le caractère historique et l’identité unique

4-Prioriser la mixité des usages (commerciaux, résidentiels, récréatifs)

5-Assurer le caractère public des fronts d’eau est primordial

6-Prévoir un partenariat privé pour accélérer le développement

7-Inclure la population dans la prise de décision et la participation au développement

8-Prévoir le développement comme un projet à long terme

9-Penser la revitalisation comme un processus continu

10-Réfléchir le projet de façon multidisciplinaire avec des partenaires internationaux qualifiés

 

La régénération des fronts d’eau a été abordé par plusieurs auteurs et tous concluent qu’il y a de nombreux avantages et réaménager les berges des étendues d’eau pour que les populations puissent se les réapproprier. Selon Papatheochari (2011), Jones (2007) et Goddard (2002), les plus intéressants bénéfices sont les suivants :

 

-Augmentation de la valeur immobilière

-Construction de nouveaux bâtiments

-Préservation de l’héritage historique d’un lieu ou bâtiment

-Amélioration de la qualité de l’eau et des conditions environnementales

-Nouvelles opportunités d’activités et d’espaces appropriables

-Nouvelle vitalité économique

-Nouvel intérêt touristique (régional, national, international)

-Amélioration du transport et des services sociaux

-Retour de la relation entre la ville et l’eau

-Investissements dans des lieux souvent désaffectés de la ville

-Meilleure image de la ville

 

La régénération des fronts d’eau est donc un concept fort intéressant qui ne peut être que bénéfique pour la ville. Papatheochari (2011) résume ainsi la clé pour réussir cette transformation : la mixité des usages, que ce soit résidentiel, commercial, récréatif, touristique. Il semble donc que le projet Waterfront soit en bonne voie de réussite.

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